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S’il fallait retenir un lieu où contempler des gravures rupestres dans le Tarn, nous choisirions sur la commune de Nages. D’accès facile, elles dominent le hameau de Villelongue. Le corpus de signes présents n’est pas sans rappeler l’univers des bergers qui durant des siècles ont occupé ce territoire redevenu sauvage. Ces gravures fascinent et interrogent à la fois.
La table de Catamiaoulo ou du Bois du muguet. On déchiffre sous une forme circulaire: de dieu et désordre avec un alpha(α)et un omega(ω). La facture de l’écriture rappelle la période moderne. On devine une forme de prière lapidaire dont le sens s’est évanoui. Le ou les auteurs utilisent un vieux fond de symboles partagés par les hommes de longue date. En l’occurrence ici, les croix. Photo CAPA(2012) et dessin de Michel Fauvel
Les crêtes méridionales qui dominent le lac du Laouzas révèlent des gravures de plein air dont l’interprétation est complexe. En effet, un chaos de blocs rocheux sur un rayon d’un kilomètre livre une centaines de figures plus ou moins facile à repérer. Il est d’ailleurs possible que la mousse abondante cache encore des inscriptions. L’inventaire n’est pas clos.
Réalisée avec soin dans le granit dur, la roche semble propice au piquetage. Les motifs sont variés mais jusqu’à un certain point : cupules avec ou sans rigole, cruciformes, soleilliformes, clés de saint Pierre, silhouettes en trou de serrure. Il n’y a pas pour ainsi dire de patronymes ou de dates fréquentes en d’autres endroits.
Ces gravures ont fait couler beaucoup d’encre et posent irrémédiablement des questions.
Des blocs granitiques émergent. Ce sont les supports des gravures du Rec del Bosc, une véritable table d’écriture (photo Mascara CAPA)
Des interprétations à géométrie variable
Suite à des relevés, Robert Guiraud et l’abbé Joseph Giry dans un article de La Revue de Rieumontagné des années 70 classent celles-ci dans le registre de l’art schématique. Pour faire simple, ces gravures remonteraient à la fin de la Protohistoire. Art schématique: cette appellation a été popularisée par notre ami Philippe Hameau.
Puis la découverte d’une nouvelle dalle en forme de table vers Catamiaoulo pousse les auteurs à réviser leur avis. Ils rangent les gravures dans le registre beaucoup moins ancien du monde pastoral des XIXe et XXe siècles.
Ce sont la présence d’écritures associées aux signes qui les poussent à revoir leur point de vu: un sul dieu pour le Roc del Bosc, le desordre de frn… dieu pour celle du Bois du muguet, avec probablement un alpha et un omega.
Au Rec del Bosc : la sentence: un sul dieu. On observe aussi un symbole en cadran d’horloge entouré de cruciformes. Plus haut, un motif complexe et les clefs de Saint-Pierre assez courantes dans l’héraldique. Les roches sont empreintes de références chrétiennes. Photos CAPA /dessin de Michel Fauvel
Le témoignage spirituel d’un monde révolu: celui des bergers
Cette manie du marquage est propre au mode des bergers. Les exemples de gravures en terroirs agropastoraux ne manquent pas en France et plus largement en Europe. Ce n’est pas tellement le résultat d’un ennui, d’un passe temps mais bel et bien d’une intention dûment réfléchi à l’avance. Le berger ne s’amuse pas. La roche est dure. Elle résiste. Il faut faire appel à des outils comme le pointe de quartz, le couteau, le clou, le burin, le marteau pour en venir à bout.
L’intention des bergers est-elle d’accorder une protection céleste aux troupeaux ? A eux-mêmes. En tout cas, ces témoignage sont en marge des lieu de culte mais à proximité d’un chemin de pèlerinage.
Le paysage à l’époque moderne était tout autre: de vastes pâturages avec des clôtures. Ça et là quelques cabanes de pierre sèche à la longévité remarquable. Certaines sont encore là. Ce sont de rustique abris avec un plan en U ouvert au sud. Leur toit est constitué d’une voute disposé en encorbellement.
Ce territoire aujourd’hui sauvage semble avoir été fréquenté. Et pas seulement par des bergers. Le CAPA vient même d’y découvrir un site de production du fer.
Rien n’empêche d’affirmer non plus que les gravures, même côte à côte, appartiennent à des périodes différentes de l’histoire et composent un palimpseste, autrement dit un support réécrit, recomposé à des périodes différentes de l’histoire.
Vue rasante de la roche du Rec del Bosc en forme de table. Les clichés sont difficiles à prendre à certaines heures de la journées ou à certaines saisons. Celui-ci en noir et blanc est particulièrement réussi.
Se cramponner à la vie
C’est là un tournant dans sa vie de soldat: plus jamais il ne retounera au front. Le traumatisme est trop fort. Profitant des mesures mises en place par celui qui deviendra le Maréchal Pétain pour permettre d’adoucir la vie des soldats, Jules retourne au Puech à l’occasion d‘une permission. Il prend la décision de rentrer dans la clandestinité et de ne pas revenir au front; il devient déserteur. Ainsi en témoigne son matricule.
Du 6 avril 1917 au 19 mars 1919, durant plus de deux ans, il va vivre caché non loin du ruisseau du Genras dans un renfoncement de rocher, exposé plein nord. Les bois du Travers, proches de la Vincenterie, lui servent de refuge. Il fait comme il peut pour ne croiser personne.
Une petite lueur sur la montagne
Il faut la jouer serrée et survivre à tout prix. Dans son aventure solitaire, Jules peut compter sur sa mère. Elle va le fournir en vivres, boissons et vêtements durant ces années. Au crépuscule, elle annonce que la voie est libre en agitant une lampe à pétrole sur le rocher où se trouve actuellement la croix. Jules peut ainsi sans risque gagner la maison.
La mémoire familiale est bercée d’anecdoctes. Une fois, pour échapper aux gendarmes, le voilà obligé de se cacher dans un tronc d’arbre couché dans le ruisseau. Il gagna certes quelques rhumanismes mais il s’épargna la grande boucherie du Chemin des Dames et la peine de mort.
Fuir l’opprobre
Il faut attendre enfin 1921 pour que Jules se livre sans risque aux autorités militaires suite aux lois d’amnistie. Il vient jusqu’à la Gendarmerie d’Albi pour le faire. Craint-il pour son honneur et celui des siens pour être venu se constituer prisonnier si loin de chez lui ? C’est fort possible.
Jules sera finalement amnistié en vertu de la loi du 3 janvier 1925. Il reprendra une vie “normale” avec sa femme qu’il avait épousée en 1912. Tous les deux quittent l’Aveyron pour le Tarn, à Lescure d’Albigeois où ils élevèrent leurs enfants.
Le poids des souvenirs
Mais l’histoire n’est pas finie.
Marqué à jamais par cette expérience, Jules prend au soir de sa vie la décison de planter une croix récupérée à Lescure au Puech, sur le rocher où sa mère lui faisait des signaux comme un hommage à la ténacité maternelle.
La mort le surprend avant qu’il n’ait pu mener à bien son entreprise en 1970, à l’âge vénérable de 86 ans. C’est un proche neveu, Jules Bru du hameau des Longanhes, qui accomplira sa dernière volonté. Cent ans après, cette croix témoigne de cette dramatique épreuve humaine, familiale et historique.
L’une des « cachettes » de Jules Cyprien
Miam… Miam
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Après la jungle guatémaltèque et ses ruines de cités mayas , c’est à la Grésigne de livrer ses secrets. Quand le high tech se met au service de l’archéologie.
CASTELNAU-DE-MONTMIRAL – 44°01′ N 1°75’E
Le Programme Commun de Recherche RHEFOREST 81 lance le CAPA avec d’autres partenaires dans une aventure technologique, hors des sentiers battues. Celle du LiDAR; La forêt de Grésigne dévoile des secrets jusque-là bien gardés.
À l’hiver 2019, un avion survole à basse altitude la forêt de Grésigne. Sa mission: « bombarder » les 3 600 hectares du domaine de points laser par couches régulières afin de pouvoir dresser une « carte » de celle-ci. Six mois plus tard les données parviennent à Nicolas Poirier sous forme d’un nuage de points. Il les traitent avant de les proposer à une équipe de chercheurs .
La technologie du Lidar mise au point dans les année 2000 au profit des aménageurs va servir à l’archéologie dix ans plus tard. Si le nord de la France a vu les premières études se développer, le sud était particulièrement en retard. C’est chose en partie réparée avec les projets qui fleurissent depuis peu comme RHEFOREST 81. Il concerne la Grésigne mais aussi d’autres forêts
La forêt, à plus forte raison quand elle est ancienne, constitue un réservoir de patrimoine archéologique inviolée remarquable. C’est vrai au Guatemala et en forêt amazonienne comme c’est vrai en Europe. Murs, parcellaires, sites de hauteur, charbonnières, chemins, sont autant de traces du passé qui méritent toute notre attention.Le déploiement des hommes dans l’espace, ses colonisations, ses abandons sont cruciaux pour écrire l’histoire tout autant que l’archive-papier.
L’intérêt de ce type d’archéologie est qu’elle est non évasive. Elle ne détruit pas les vestiges au sol mais en donne une vision assez précise. On ne le dira jamais assez: l’archéologie est une science destructrice. Elle élimine les vestiges du sols qu’elle prélève.
Pour autant, pas question, bien sûr, d’abandonner l’enquête de terrain. Vérifier les données reçues sur les lieux mêmes, valider les hypothèses, photographier les restes les plus parlants demeurent un impératif.
Ainsi le LIDAR promet bien des allers-retour entre la Grésigne et Albi. Cela a déjà commencé.
Le recours à l’archéologie géophysique
Parmi les sites prospectés récemment il y a celui de Saint-Clément. Suite au LIDAR, il est parcouru de long en large par les archéologues afin d’y déceler grâce à un capteur des indices de modification du sous-sol donnant de précieuses indications sur la nature du site et ses péripéties à travers l’histoire. Ainsi sans avoir recours à la fouille et en interprétant les données, il est possible d’avoir une idée fiable de ce qu’il y a en dessous … ou de ce qu’il n’y a pas. Ici, l’objectif est de détecter des vestiges sans donner un seul coup de pioche.
En hommage à Louis Malet
Parmi les plus mauvaises nouvelles de cet automne 2020, il y a celle de la disparition de Louis Malet. Né le 1er février 1926 à Albi, il a vécu 94 ans. Paléographe, occitaniste, il mena aussi de main de maître des recherches archéologiques à plusieurs niveaux avec une prédilection pour la partie la plus chère à son cœur : le Ségala.
Ces chères Statues-menhirs
Rien de ce qui touchait aux statues-menhirs ne lui était indifférent, surtout quand les spécimens en question avaient pour origines les Monts d’Alban et, au-delà, l’Aveyron. Dés 1983, il publie avec Jean Lautier un compte rendu circonstancié sur celle du “Puech du Lac”.
En outre, il présente des monuments in situ avec la création du petit musée de Miolles à l’occasion de la découverte des deux mégalithes du hameau de Terral, en 1993.
Décryptage des souterrains
Au-delà des mégalithes, ses centres d’intérêt étaient multiples. Mais c’est le Moyen Âge qui avait sa faveur. Ainsi Louis apporta une contribution à l’étude des souterrains en portant le regard sur ceux du Bas Ségala. Dans les années quatre-vingt-dix, dans la Revue du Tarn, il en répertoria une trentaine. À la recherche d’un archétype, il s’attacha aussi à définir pour chacun des spécificités.
Avec lui, peu à peu, les souterrains quittaient le statut de monuments mystérieux, prétextes à tous les délires pour devenir des sujets d’étude à part entière. Il parla de souterrains aménagés plutôt que de souterrains-refuges. Il souligna l’intérêt de ces monuments singuliers et typiques de notre région pour parler d’un Moyen Âge prospère où certains paysans entassaient la nourriture dans des sous-sols qui n’avaient rien de forcément isolés. Avec d’autres, il souligna le lien étroit et fréquent entre silos et souterrains.
Un champ d’étude pionnier: les castelas
Dernière contribution à l’archéologie – et pas des moindres – est son inventaire des « castelas », terme qu’il contribua à faire connaître d’ailleurs. Il acheva de manière magistrale cette dernière étude avec un article dans Archéologie Tarnaise. Celui-ci constitue une référence en la matière. Son insatiable curiosité l’amena à vérifier sur le terrain les données archivistiques qu’il avait patiemment accumulées des années durant. Ainsi, sortirent de l’ombre, des sites quasi inédits et, avec eux, une part très mal connue de l’histoire albigeoise. Celle des débuts du Moyen Âge avant la réforme grégorienne où se révèle tout un réseau de châteaux sous la forme la plus rudimentaire qui soit : une tour et un fossé.
Intarissable sur la question, l’écouter était un vrai régal. Son propos sur le terrain mêlait des questionnements toujours originaux à un humour décapant quand il s’agissait de donner des réponses définitives sur des périodes sans trace écrite. La question de la place des chevaux dans les castelas me reste en tête pour le site de “Castelpanis” qu’il affectionnait particulièrement. Il avait une façon unique de prendre des problématiques originales à bras le corps et de vous les exposer. À l’écrit, il était beaucoup plus prudent.
Pas de doute, avec Louis, c’est un grand nom de l’archéologie régionale qui nous quitte. Au-delà de son goût pour l’archive écrite sous des formes variées, il ajoutait sa passion pour le terrain afin de recouper les données. En ce sens, sa démarche était moderne. Elle inaugurait ce qu’est l’archéologie d’aujourd’hui, bien au-delà de la passion des objets tape à l’œil, une archéologie où la fouille ne tient que la part mineure, une archéologie construite à la fois sur l’observation du terrain et l’exploration d’archives. Combien de fois m’a-t-il dit : « un bon historien, ce sont les deux. » ?
Humour caustique
À ce titre, il me restera toujours ces paroles rugueuses contre l’abbé Ernest Négre – notre sommité en matière d’onomastique – qui affirmait la présence de sites gallo-romains à chaque suffix ac :
« On voit bien qu’il n’a jamais mis les pieds sur le terrain … »
Avec lui, rien ne devait s’installer, tout devait se construire ou se reconstruire patiemment.
À la différence de nombre de ses contemporains, il était venu à l’archéologie, non par la spéléologie mais bel et bien suite à la fréquentation des archives et il eut à cœur de bien décrocher les deux activités. Le vénérable Archéo Spéléo Club Albigeois, né en 1946, se scinda. Ce fut la naissance du CAPA en 2005 pour lequel il trouva l’acronyme : Centre Archéologique des Pays Albigeois.
Dernière chose, qui m’est très personnelle, Louis Malet maniait une expression française d’une rare limpidité. Il rechignait à tous les jargons qui sont coutumes pour valider un savoir. Le souci de se faire comprendre de tous l’emportait sur l’entre-soi et les considérations de reconnaissance qui minent souvent l’écriture scientifique. Aussi, le lire sera toujours un véritable plaisir. Je vous y encourage vivement et c’est bien le plus grand honneur qu’on puisse lui rendre.
Christophe MENDYGRAL (président du Centre Archéologique des Pays Albigeois )
Bibliographie archéologique
082 – Dossiers de prospections et d’archives des cantons de Gaillac et Réalmont, manuscrits et photos, Albi, s. d., 2 dossiers
083 – Mottes, roques et castelas, s. d., s. l., 132 pages
128 – Résultats du sondage n° 108/02 au Séquestre (Tarn), rapport de fouille, 2002, 7 p.
131 – Châteaux perdus, châteaux oubliés. À la recherche d’habitats fortifiés médiévaux, manuscrit, Albi, 1989, 20 pages
133 – La fouille autour du souterrain de Mouysset (Villeneuve-sur-Vère, Tarn), rapport de fouille, 1992, non paginé
135 – Sites fortifiés de l’An Mil, s. d., s. l., dactylographié, 9 pages
137 – Remarques sur le compoix de Paulin, s. d., s. l., tiré à part, 9 pages
227 – Archéologie en Monts d’Alban, à la recherche des vestiges d’un lointain passé, CAPA, Lombers, 2014, 44 pages
P006 n° 5, 1990 – « Travaux de sauvetage urgent au souterrain de “Plégades”, commune de Terre-Clapier », Archéologie tarnaise, Castres, p. 51-60
P006 n° 5, 1990 – « Complément à l’inventaire des souterrains aménagés du Tarn », Archéologie tarnaise, Castres, n° 5, 1990, p. 91-106
P006 n° 6, 1991 – « Toponymie et prospection archéologique », Archéologie tarnaise, Castres, n° 6, 1991, p. 11-14
P006 n° 7, 1994 – « D’anciens trous de poteaux dans le lit du Tarn, région de Villeneuve/Trébas » et « La fouille autour du souterrain de Mouysset (1992), commune de Villeneuve-sur-Vère », Archéologie tarnaise, Castres, n° 7, 1994, p. 35-46 et 47-64
P006 n° 8/9, 1997 – « Quelques simples remarques autour des statues-menhirs du groupe rouergat », Archéologie tarnaise, Castres, n° 8/9, 1997, p. 7-23
P019 n° 176, 1999 – « Menhirs, rocs à cupules et autres vestiges sur “La Serre du Truel”, commune de Curvalle », Revue du Tarn, Albi, n° 176, p. 633-641
P006 n° 13, 2006 – « Mottes, roques et castelas. Recherches des sites fortifiés de l’an Mil dans le Nord et l’Est du Tarn et la frange aveyronnaise », Archéologie tarnaise, Castres, n° 13, 2006, p. 31-126
P019 n° 137 à 140, 1990 – « Souterrains aménagés du Bas-Ségala », Revue du Tarn, Albi, n° 137 à 140, p. 27-50, 331-351, 447-470, 647-675 (+ tirés à part)
P019 n° 138, 1990 – « Souterrains aménagés du Bas-Ségala (2e épisode) », Revue du Tarn, Albi, n° 138, 1990, p. 331-351
P019 n° 139, 1990 – « Souterrains aménagés du Bas-Ségala (3e épisode) », Revue du Tarn, Albi, n° 139, 1990, p. 447-470
P019 n° 140, 1990 – « Les souterrains aménagés du Bas-Ségala (4e épisode). Essai de synthèse », Revue du Tarn, Albi, n° 140, 1990, p. 647-680
P019 n° 223, 2011 – « Coup d’œil sur l’archéologie des cantons de Valderiès et de Valence », Revue du Tarn, Albi, n° 223, 2011, p. 413-432
P019 n° 236, 2014 – « Églises et sculpteurs sur bois du XIXe siècle », Revue du Tarn, Albi, n° 236, 2014, p. 551-556
P021 XL, 1986 – « Les carrières souterraines de Carlus et d’Amarens », SSABLT, Albi, XL, 1986, p. 363-380
P021 XLI, 1987 – « Les souterrains du Bas-Ségala » et « Le Ségala tarnais devant l’impôt au XVIIIe siècle », SSABLT, Albi, XLI, 1987, p. 473-493 et 495-516
P021 XLII, 1988 – « Ouvrages souterrains anciens de la région de Réalmont », SSABLT, Albi, XLII, 1988, p. 665-694
P021 LIII, 1999 – « Petite histoire de la recherche et de l’étude des souterrains aménagés dans le département du Tarn » et « Jean-Pierre Vergnes d’Ambialet, gendarme de Louis-Napoléon », SSABLT, Albi, LIII, 1999, p. 565-582 et 825-842
P021 LVI, 2002 – « Franchises et libertés du Sénégadès », SSABLT, Albi, 2002, p. 29-48
P021 LVIII, 2004 – « Livre des droits et fondations du couvent des frères mineurs de Lautrec » et « Quinze ans de recherche des points fortifiés du premier Moyen Âge : les castelas », SSABLT, Albi, LVIII, 2004, p. 53-72 et 119-140
P021 LIX, 2005 – « Un peu d’onomastique toponymie : les noms de lieux terminés par le suffixe AC » et « Les anciens sites fortifiés du Viaur », SSABLT, Albi, LIX, 2005, p. 99-107 et 183-214
P021 LXII, 2008 – « Remplaçants militaires gérés à Miolles et autres glanures », « Remarques et comparaisons sur les compoix d’Alban et de Saint-André » et « Les très vieux forts ou “castelas” des monts d’Alban », SSABLT, Albi, LXII, 2008, p. 15-26, 163-183 et 185-223
MALET Louis & ASTIÉ Louis Paul
P006 n° 7, 1994 – « La statue-menhir du “Terral”, commune de Miolles », Archéologie tarnaise, Castres, n° 7, 1994, p. 7-12
P019 n° 155, 1994 – « Les statues-menhirs de Miolles (Terral I et Terral II) », Revue du Tarn, Albi, n° 155, 1994, p. 423-431
MALET Louis et al.
P019 n° 145, 1992 – « Châteaux perdus, châteaux oubliés. À la recherche d’habitats fortifiés médiévaux », Revue du Tarn, Albi, n° 145, 1992, p. 71-95
PRAT Henri & MALET Louis
P006 n° 3, 1986 – « Deux souterrains aménagés méconnus de l’Albigeois », Archéologie tarnaise, n° 3, 1986, p. 97-103
P006 n° 7, 1994 – « Étude de la céramique trouvée lors de la fouille autour du souterrain de Mouysset », Archéologie tarnaise, Castres, n° 7, 1994, p. 65-69
Un possible piège à loup dans les Monts d’Alban
PAULINET – 43°84’N 2°43’E
Parmi les bêtes qui occupent une place de choix dans notre imaginaire, il y a le loup. Longtemps cantonné à la « petite histoire », le voilà qui entre peu à peu dans la grande suite à des ouvrages comme L’homme contre le loup, une guerre de 2000 ans ou Histoire du méchant loup, 3000 attaques sur l’homme en France de Jean-Marc Moriceau. Ouvrages qui animèrent la polémique dans le contexte que vous savez. D’un côté les zoologues et les écologistes qui soutiennent que le loup est un animal inoffensif pour l’homme, de l’autre, les historiens qui à grand renfort d’archives prouvent qu’il n’en est rien. Sur la question de l’anthropophagie du loup, nous nous garderons bien d’avoir un avis tranché. Quant aux traces matérielles de sa présence, il faut enquêter.
Le Centre de Recherche du Patrimoine Rieumontagné a mené un formidable recensement d’anecdotes d’archives liées aux loups à l’échelle du Lacaunais et plus largement du Haut Languedoc.
La toponymie, elle aussi, témoigne de la longue existence du carnassier à côté des hommes. Existence tranquille ( Loubatière à Ambialet, Loubière à Montroc, Loubers dans le Cordais, ) ou plus pénible pour le fauve (Loup pendu en Grésigne).
Après les archives et la toponymie, partons à la recherche de traces matérielles. Outre les pièges mobiles, le piègeage bâti sous la forme de fosses mais aussi de trappes, de tranchées, de labyrinthes a existé. Comme le montre le Livre de Chasse de Gaston Phébus, dès le XIVe siècle tout un arsenal est mis en place. Au XVIIIe siècle, il est repris tel quel, à peu de chose près, dans L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert.
Dans l’Albigeois, les traces bâties de piège à loup sont rares. Soit qu’elles soient inconnues, soit qu’elles aient disparu avec le temps. Aussi quand une habitante de Paulinet attira notre attention sur une possible structure nous fîmes le déplacement, intrigués.
Les sources d’information sur la nature même de la structure sont oraux. En ça, ils peuvent bien sûr être mis en doute. Nous n’avons pas mené de recherche d’archives. Elles ont bien des chances de s’avérer vaines. Le cadastre napoléonien ne mentionne pas le piège en question. Peut être la construction est-elle d’ailleurs bien postérieure au premier levé du début du XIXe siècle.
L’édifice est construit à une vingtaine de mètres d’un chemin sur le haut du flanc d’un versant exposé au nord. En décroché dans la pente, il profite d’un affleurement rocheux en sailli dans une forêt de chênes et de châtaigniers. Le lieu est actuellement assez éloigné d’habitation. La première est à 900 m à vol d’oiseau.
Voilà l’architecture de la structure. A vrai dire, elle n’offre rien de vraiment caractéristiques si on la compare au relevé fait en Lacaunais voisin. La forme s’inscrit dans un trapèze presque isocèle ouvert à sa base sud. Sa hauteur actuelle est de moins d’un mètre pour trois de long à son maximum. L’intérieur est marqué par une légère inclinaison vers le nord dans le sens de la pente du versant. Une grosse dalle est fichée verticalement au sol au fond de la structure. L’absence d’ouverture sur les côtés ne milite pas pour un affût.
Sans couverture, la structure est montée en pierres sèches (dalles en plaque de schiste local de dimensions diverses, juste équarries) et présente des deux côtés e/o, des parois légèrement déclives par encorbellement, ce qui a fragilisé la couverture. S’est-elle effondrée ? Aucune trace cependant. Est-t-elle ainsi pour accueillir une couverture végétale ?
Il faudrait mieux observer le bâti en question, actuellement couvert de mousse et de fougères, sur le haut. Si la solution du four parait exclu, la cabane de berger est probable : ouverture au sud et guère éloignée du chemin. Par ailleurs, d’autres éléments bâtis détruits accompagnent ladite structure dont il est impossible de donner l’origine.
Des mesures de salut public
Gariote? cabane? piège à loup? Étant donnée la variété des spécimens plus ou moins bâtis répertoriées à l’échelle de l’Europe, en l’état, il est difficile d’apporter une conclusion définitive.
Très tôt, les hommes se sont organisés pour lutter contre les fauves avec plus ou moins de réussite. D’abord, l’élimination fut l’affaire des lieutenants de louveterie. Pas question de partager le privilège de chasser avec les paysans. Aussi il faut attendre la Révolution française pour assister progressivement à un recul général des populations de loups. Aux classiques battues, filets, mâtins, sonnailles (et même prières) s’ajoutent la strychnine et le fusil à percussions. A partir de 1795, leur carcasse fait même l’objet de primes. Variables dans le temps, celles-ci dépendent de la nature de la bête ( âge, mâle ou femelle, enragée). Ainsi, une véritable politique d’éradication est mise en place. Elle se renforce encore sous la IIIe République.
Aussi la présence du prédateur régresse jusqu’à disparaître dans le département à la toute fin du XIXe siècle. Depuis 2015, celui-ci est de retour dans l’Hérault. Il mène des incursions en Montagne noire autour du Pic de Nore. Mais c’est une autre histoire.
Une fosse à loup a été reconstitué à côté de la maison de Payrac. La voici.
illustration d’ouverture: Sextus Placitus, De medicina ex animalibus, vers 1180, Oxford, The Bodleian Library, 1462, folio 52