Le sous-sol vu du ciel
Après la jungle guatémaltèque et ses ruines de cités mayas , c’est à la Grésigne de livrer ses secrets. Quand le high tech se met au service de l’archéologie.
Le Programme Commun de Recherche RHEFOREST 81 lance le CAPA avec d’autres partenaires dans une aventure technologique, hors des sentiers battus, celle du LiDAR.
La forêt de Grésigne dévoile des secrets jusque-là bien gardés.
Des « data-archéologues » à la manœuvre
À l’hiver 2019, un avion survole à basse altitude la forêt de Grésigne. Sa mission: « bombarder » les 3 600 hectares du domaine de points laser par couches régulières afin de pouvoir dresser une « carte » de celle-ci. Six mois plus tard les données parviennent à Nicolas Poirier sous forme d’un nuage de points. Il les traitent avant de les proposer à une équipe de chercheurs .
La technologie du Lidar mise au point dans les année 2000 au profit des aménageurs va servir à l’archéologie dix ans plus tard. Si le nord de la France a vu les premières études se développer, le sud était particulièrement en retard. C’est chose en partie réparée avec les projets qui fleurissent depuis peu comme RHEFOREST 81. Il concerne la Grésigne mais aussi d’autres forêts
Pourquoi la forêt ?
La forêt, à plus forte raison quand elle est ancienne, constitue un réservoir de patrimoine archéologique inviolée remarquable. C’est vrai au Guatemala et en forêt amazonienne comme c’est vrai en Europe. Murs, parcellaires, sites de hauteur, charbonnières, chemins, sont autant de traces du passé qui méritent toute notre attention.Le déploiement des hommes dans l’espace, ses colonisations, ses abandons sont cruciaux pour écrire l’histoire tout autant que l’archive-papier.
L’intérêt de ce type d’archéologie est qu’elle est non évasive. Elle ne détruit pas les vestiges au sol mais en donne une vision assez précise. On ne le dira jamais assez: l’archéologie est une science destructrice. Elle élimine les vestiges du sols qu’elle prélève.
Pour autant, pas question, bien sûr, d’abandonner l’enquête de terrain. Vérifier les données reçues sur les lieux mêmes, valider les hypothèses, photographier les restes les plus parlants demeurent un impératif.
Ainsi le LIDAR promet bien des allers-retour entre la Grésigne et Albi. Cela a déjà commencé.
Le recours à l’archéologie géophysique
Parmi les sites prospectés récemment il y a celui de Saint-Clément. Suite au LIDAR, il est parcouru de long en large par les archéologues afin d’y déceler grâce à un capteur des indices de modification du sous-sol donnant de précieuses indications sur la nature du site et ses péripéties à travers l’histoire. Ainsi sans avoir recours à la fouille et en interprétant les données, il est possible d’avoir une idée fiable de ce qu’il y a en dessous … ou de ce qu’il n’y a pas. Ici, l’objectif est de détecter des vestiges sans donner un seul coup de pioche.