Le Moyen Âge est sous la ferme: les petits souterrains du Ségala
De petits hameaux, sur la commune de Paulinet qui couvre une partie des hauts plateaux dits des « Monts d’Alban », réservent – encore bien conservée – une série de souterrains ruraux qui remontent probablement à la période médiévale.
On doit à la perspicacité de Louis Malet leur prise en compte comme des monuments cruciaux à même de relater la vie dans les campagnes à des époques très anciennes. À force d’articles avec quelques autres, ils sont parvenus à placer au premier plan ces vestiges avant délaissés.Dans la région à l’est d’Albi, leur homogénéité est reconnue. Ils partagent ensemble des caractères communs comme la faible ampleur du réseau. Ils présentent généralement une pièce unique et se prolongent souvent à l’extérieur par une tranchée. Ce sont les souterrains « du Ségéla » qu’on différencie de ceux de la plaine du Tarn. Nous ne reviendrons pas sur la discussion qui porte sur les usages de ceux-ci.
En résumé, il s’agit pour les paysans, d’apprivoiser un milieu a priori hostile, concevoir une cavité unique pour stocker, à l’abri, les denrées précieuses de la ferme. Une cavité qui soit la plus accueillante possible aussi pour que les hommes qui la connaissent, y séjournent en cas de menace. Il semblerait aussi que le développement des systèmes de défense passive pour décourager les assaillants éventuels n’ait pas été le moindre des soucis des creuseurs. « La Brandié », « Frayssinels », « Couterri », le CAPA visita ce jour-là les deux premiers, faute de temps.
Reconnaissance de l’ouvrage creusé de « La Brandié »
Après l’aimable autorisation de la propriétaire, Mme Tenedos, nous pénétrâmes dans l’ouvrage par le bas et remontâmes jusque vers la maison.Les volumes ont été percés à la main dans le substrat local : un schiste violacé. Ce qui relève si ce n’est de l’exploit, au moins d’une détermination remarquable. L’ouverture du bas laisse supposer des aménagements à des périodes anciennes. Mal identifiable en 2018, une tranchée aujourd’hui à ciel ouvert encadrait l’entrée.
Des traces d’outils sont observables sur les parois ainsi que des veines de quartz.
À même le talus, le goulet est étroit et conduit aussitôt à une grande salle rectangulaire au profil voûté plein ceintre. Peu de chance, étant donnée l’humidité, pour que la pièce eut été véritablement habitée sur le long terme.
Le couloir de remontée, ponctué de marches taillées, passe sous la route actuelle et débouche à proximité d’un hangar. Le gabarit a été calculé au plus serré.
Sinuosité du parcours et dispositif de fermeture contre d’éventuel assaillants
Il est surtout marqué par une série de six segments coudés. Il semblerait qu’un impératif de défense ait compliqué la tâche des concepteurs. Il s’agit de placer l’intrus dans une position d’inconfort tel qu’il rebrousse chemin ; en quelque sorte, de freiner sa progression.Un ventail plutôt qu’une « porte » était présent si l’on en croit la trace d’une feuillure et de rainures dans lesquelles on pouvait glisser un rondin. Sa présence, à proximité directe d’un angle, rend difficile son « défonsage » étant donné le peu d’élan dont disposait l’assaillant.
Reconnaissance de l’ouvrage creusé de « Frayssinel »
À « Frayssinel », ce sont surtout les traces extérieures du souterrain qui ont retenu notre intention.
La visite du réseau a montré qu’une laisse d’eau envahit progressivement la grande salle oblongue du bas. À terme, le souterrain risque d’être ennoyé car l’orifice se bouche. L’eau est prisonnière.
Par ailleurs, nous avons remarqué toute une série de traces d’aménagement autour de l’entrée (en haut) mais aussi de la sortie du souterrain, preuves fournies par les photos ci-dessous.
Conférence du CAPA
Pour terminer, retenez qu’une conférence du CAPA sur les traces archéologiques des XIVe et XVe siècles dans l’Albigeois portera – entre autres – sur ces souterrains. Elle est prévue le 14 avril 2018 au Centre Occitan Rochegude mais nous en reparlerons.