Certaines pièces archéologiques n’ont rien de spectaculaires.
Elles se fondent dans le paysage. Pour un peu, on ne les verrait pas.
C’est le cas des projectiles du trébuchet.
Difficile d’écrire avec exactitude l’histoire riche en péripéties du château de Thuriès. Même si Thuriès apparaît dans les textes: Le Livre des Miracles de Sainte Foy de Conques dès la XIe siècle, le Cartulaire des Alamans, des de Lautrec et de Levis au XIIIe siècle et une chronique de Jean Foissart au tout début du XVe siècle, il est toujours difficile de distinguer le vrai du faux. Le site de Viaur Vivant dresse un point sur cette question: Histoire insolite de la vallée du Viaur. Faute de certitude, on peut tout imaginer.
Des assauts par exemple; il dû y en avoir. En témoigne, un nid de projectiles découverts par Henri et Louis voilà plusieurs années. Une collection originale dont quelques éléments sont maintenant exposés à la Mairie de Pampelone.
Ces gros boulets de pierre mal dégrossis nous renseignent sur les moyens mis en œuvre par les assiégeants dans le but de fracasser les murs du château.
Ces pièces exceptionnelles valent le détour. Elles pèsent autour de 70 kgs. Leur contour est sphérique; elles sont taillées dans le schiste local et régularisé à la massette, avec un méplat afin d’en faciliter le stockage. Pas sûr que ces projectiles d’artillerie mécanique nous permette de raconter le déroulement de la prise du château mais ils révèlent la présence d’une arme à balancier, type trébuchet à contrepoids ou d’une pierrière. Deux machines que vous pourrez admirer dans toute leur subtilité technique au château de Calmont d’Olt perché au-dessus du Lot.
« un engienh que apelo trueja per damnejar los engles »
Immanquablement, le siège de la place de Thuriès à l’hiver 1380, nous vient à l’esprit. Mené par Sicard Del Bosc, seigneur des lieux, il répondait au souci des Albigeois d’étouffer les menaces venues du Viaur. Menaces incarnées par les routiers occupant la place forte depuis des mois. En l’occurrence: le bâtard de Mauléon. Les comptes consulaires albigeois mentionnent à cette occasion l’idée de construction d’une truie : « un engienh que apelo trueja per damnejar los engles ». Il semble que l’engin était si cher dans sa construction et d’une manutention si compliquée qu’on renonça au projet faute de moyens suffisants. De là à imaginer que les projectiles, préalablement conçus sont restés sur place au pied du château, il n’y a qu’un pas qu’il nous est plaisant de franchir.