Les vestiges d’un souterrain à Marssac

Brèves considérations sur l’histoire ancienne du bourg de Marssac

Marssac-sur-Tarn, c’était la première fois que le CAPA investiguait dans cette commune où l’accueil fut des plus sympathique. Dominique nous offrit l’opportunité d’une rencontre avec Anne-Marie Rosé, maire de la commune, et du propriétaire des lieux, monsieur Miani, tous les deux à différents titres fort concernés par les origines de ce patrimoine si particulier que sont les souterrains.

L’opération consistait à visiter le petit souterrain qui borde la berge du Tarn.

Il semble que le village en rive gauche qui se développe peut-être autour d’un château dés le XIIe siècle est lié au bac sur le Tarn. Ce bac qui bordait le chemin reliant Toulouse à Albi est bien plus en aval que le pont actuel(1). 

Sur le plan cadastral du tout début XIXe siècle, il apparait assez clairement deux nodules cohérents d’habitats distincts mais en lien. L’un à l’ouest, le plus petit, le plus ancien, autour de la Place de la Chapelle. L’autre, à l’est, plus vaste, au-delà de la rue du port. Mené par notre ami Pierre Cabot, le sondage, place de la Chapelle en 2010, n’a pas permis une lecture très clair du lieu hélas.

Le-dit souterrain se localise rue du Nord. Son ouverture est côté rivière mais il passe sous la rue. Il est a une cinquantaine de mètres de la rive, percé dans un talus. Ce souterrain, Jean Lautier le visite pour la première fois à l’automne 1963(2) en compagnie d’André Thubières. Tous les deux voient en lui un silo aménagé pour être drainé.

A l’extérieur, en surface, le souterrain n’est pas actuellement, couvert par un bâtiment.

L’accès

Il n’est peut être pas l’accès d’origine mais c’est le seul moyen de pénétrer dans le souterrain aujourd’hui.


Il s’effectue par un conduit vertical cylindrique. Mais à la différence d’un puits le goulot s’élargit jusqu’à atteindre 2,50 m de largeur.

On descend sur 3 m  pour atteindre un plancher. Cela s’est fait à l’aide d’une échelle.

Au-dessus de votre tête, une voute faite d’un empilement circulaire de briques posées à plat. Elles sont en encorbellement, liées par un mortier épais et reposent sur le substrat

L’entrée peut faire penser à un silo dans son profil mais comporte une partie aménagée en brique qui consolide le haut du monument.

Une galerie unique 

La faible dureté de la roche(calcaire molassique du tertiaire) et sa relative homogénéité ont permis un creusement relativement facile au pic. Les traces sont très visibles.

Dans une continuité, deux galeries s’offrent à vous. Une vers le nord vous engage côté rivière. Une vers le sud va vers le village. Elles avancent toutes les deux à l’horizontal.

Celle du nord avec un faitage en briques de terre cuite disposées en batière est obstruée et inaccessible à cause de son étroitesse. On peut l’éclairer sur un à peine un mètre.
Est-ce une conduite d’évacuation des eaux ?

Celle du sud, inondée sur une profondeur de 30 cm, en revanche s’étire sur 8 mètres. Elle comptait une porte à son départ(3) et comprend encore deux niches à lampe. Le couloir est fractionné par un coude. Il se termine en cul-de-sac avec un drain d’où arriverait l’eau.

Voûté plein cintre, on peut penser que l’ouvrage a été réalisé par un professionnel.
Tel est ce monument des plus curieux.

Le lieu a servi un temps de dépotoir. Il est connu des marssacois. A une époque, il était même une terre d’aventure, objet de spéculation. Certains expliquaient qu’il traversait la rivière.

Un souterrain géométrique « sans cellule » 

Nous ne reviendrons pas sur les origines des souterrains et leur étude, le thème a déjà été traité sur ce même blog(4). Ici, c’est l’originalité du monument qui interpelle.

L’étroitesse des galeries, l’absence remarquable de salle, la très faible étendue du réseau,  défient la logique classique des souterrains; qu’est-ce à dire?

D’abord, il est fort probable que ce réseau soit partiel et qu’une salle se tenait au bord du Tarn afin de permettre le stockage.

Est-il seulement une galerie de drainage en complément d’un silo comme le laisse à penser Jean Lautier  au vue de la galerie unique. Mais pourquoi un coude alors? Pourquoi une porte? Pourquoi la lumière? L’entretien est-il si compliqué?

 Un usage sûrement très terre à terre

Une cavité destinée au stockage des marchandises liée au port tout proche semble être la proposition la moins contestable.

Par ailleurs, sans conteste, la présence de la brique fait penser à un aménagement qui ne peut guère remonter au-delà du XVIe siècle. Qu’en était-il avant ? Quelles sont le étapes qui on conduit à la structure finale? Est-il lié à la place forte certifiée au XIIIe siècle. 

Au moins, la visite si elle n’a pas permis de répondre à ces questions a été l’occasion d’assouvir la curiosité des grands et des petits.

Notes

(1) Construit seulement à la fin du XVIIIe siècle suite à des noyades fréquentes 
(2) C’est juste suite à sa découverte. La venue du SCA donne suite à un article dans la « Revue du Tarn » peu après. Un plan est levé.
(3) Une feuillure de porte est visible
(4) mercredi 18 mars 2015 Au coeur d’un souterrain aménagé au Moyen Âge

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