La Maison des morts
Au sud du causse de Limogne, le dolmen du Rouzet
Certes au départ c’est un peu déconcertant. Le premier coup d’œil donne davantage à penser à un pierrier parmi les nombreux qui peuplent les plateaux au sud de Mespel. Et pourtant, à bien regarder, plusieurs indices indiquent une construction préhistorique de belle facture.
On l’oublie souvent mais le Tarn compte une petite quarantaine de dolmens bien identifiés dont la majorité est installée dans la frange nord/ouest du département. Ces très vieux monuments n’ont pas la renommée des sites armoricains mais ils reflètent le passé de peuples disparus il y a 5000 ans au Néolithique.
Souvent de taille modeste et dans un état de conservation précaire, les dolmens posent toute une série de questions et animent des débats sans fin sur les motivations et les croyances de leurs auteurs.
Certains de ces dolmens furent l’occasion déjà de compte-rendus comme celui de Peyroseco ou encore celui de Peyrelevade à Vaour.
Un grand dolmen caussenard
Le spécimen de Mespel est un immense amas de pierres à la forme allongée. Il mesure autour de vingt mètres pour douze de largeur. Il est encore bien visible aujourd’hui dans une clairière.
La plupart du temps, ces dolmens, ont été fouillés anciennement, voire pillés, nous privant ainsi d’informations. Celui-ci, une fois n’est pas coutume, a subit une fouille rigoureuse par Bernard Pajot dans les années quatre-vingt.
Ouvert à l’ouest, on apprit à cette occasion que le monument ne comportait pas une chambre mais deux alignées comme si on avait voulu agrandir la première. Agrandir sans détruire, ni mutiler l’état antérieur. La chambre sépulcrale la plus récente devait être couverte d’une dalle en grès dont l’équipe découvrit quelques traces discrètes.
Un lieu d’inhumation collective
La vocation sépulcrale des lieux fut confirmée par la récolte de nombreux ossements humains. Quelques 1500 dents et même des crânes ont été reconstitué. Certains montrent d’ailleurs des traces de découpage intentionnel.
On y trouva des parures en stéatite, un anneau en schiste, deux pointes de flèche, un vase complet et de minuscules tessons de céramique de la période du bronze final.
Fort probablement chaque petit village construisait son dolmen. Au fur et à mesure de l’accroissement de la population, on l’agrandissait.
A une époque beaucoup plus récente, le dolmen servit de cabane à berger avant de sombrer dans l’oubli.
Ce dolmen comme beaucoup d’autres constituent aujourd’hui le plus ancien patrimoine construit par les hommes. Beaucoup de communes ont compris l’intérêt de ce type de monument et participe à leur entretien, voir à leur mise en valeur comme Saint-Antonin-Noble-Val avec le dolmen du Pech dans le Tarn et Garonne.
Cadrage
Des sociétés rurales et villageoise se mettent en place dans la Tarn au cours du IIIe millénaire avant J.-C. Elles présentent une forme de religion liée aux ancêtres. Elles s’affirment grâce à une innovation: les mégalithes, conçus pour protéger leurs morts et pour les honorer. Aux techniques de construction assez facile à observer s’ajoutent des rites qui nous sont totalement inconnus.
Ben, quand on voit la hauteur du tumulus, je défie un homme moderne ou m^me pré (très près) historique de distinguer le monument du fait de sa situation proche d’un point haut….
Par contre, si on parle de voir à partir du monument (couverture visuelle ou énergétique, un peu comme une antenne), là on voit que ce monument en raze motte « arrose » toute la zone de vie et de pratiques agraires alentours…