Enclos creusé avec saillie rocheuse sur une vire. Utilisaté indéterminée.

Le Roc des Anglais

Un village fantôme dans la falaise

À quelques kilomètres au nord d’Alban, découvrez un village déserté depuis longtemps. Il témoigne de la patiente des hommes à creuser la roche pour en faire un lieu de travail et de vie. Aujourd’hui, en ces lieux, très fréquentés il y a mille ans, la nature sauvage a repris ses droits.

Pas moins d’une trentaine d’ « habitats excavés ou demi-excavés » s’ancrent dans la falaise qui plonge à l’est vers le ruisseau de Nogaret. « Habitat excavé », il faut entendre par ce terme savant, des empreintes de maisons conservées dans la roche. Il fut une époque, on parlait de « cases-encoches ».

Elles se composent presque toujours d’une paroi arrière verticale, d’un sol horizontal et de parois latérales verticales avec une hauteur dégressive, soit creusées dans la roche, soit montées en pierres séches. Elles sont l’occasion d’ « opes » (de trous) afin de recevoir poutres et solives supportant la toiture.

Trou qui portait une traverse de plancher ou une toiture.
Le plan du lieu levé par Louis Malet du CAPA en 2006. On a décompté une quarantaine de cases-encoches. Deux possibilités de castelas sur le haut de l’arête rocheuse. Le lieu est dangereux, il faut s’y aventurer en faisant attention.
Angle d’une case-encoche. Les parois comportent de nombreuses traces de pic de creusement.
Plan d’une case-encoche accompli lors des fouilles de André Soutou en 1969

À Alban, de tailles variées, elles se serrent au soleil en balcon sur l’abrupt. Elles sont reliées entre elles par tout un réseau de conduites afin de drainer les eaux.

Encore bien visible, un sentier avec escaliers réunit plusieurs plates-formes à différents étages de la falaise. Certaines cases sont aujourd’hui hors d’atteinte sans l’équipement d’alpiniste.

Ça et là, des murs de pierres sèches complètent le dispositif. D’autres « cases-encoches » ont été révélées, plus au nord, à proximité des mines.

Le tout ne manque pas de pittoresque quand on a un peu d’imagination. L’ensemble devait marier la roche et le bois pour produire un effet singulier.

C’est assez exceptionnel pour le mentionner, trois de ces « cases » furent fouillées en 1969 par André Soutou. Elles livrèrent alors quelques restes d’outils agricole en fer (soc de charrue, faucille) et de la céramique typique du haut Moyen Âge.

Détail intéressant, on préleva aussi des lauzes de schiste percées d’un trou, preuve que des toits étaient couverts de cette façon.

Quant au petit château qui devait exister, il est aux abonnés absents aujourd’hui. Pèse sur deux éminences rocheuses aplanies de forte présomptions. Reste à savoir sous quelle forme ? Donjon carré en bois, pierre, les deux. On peut se faire une idée en jetant un coup d’oeil sur la Tour Saint Gille d’Ambialet.

Des sites de ce type, rendus à la nature, ne sont pas exception. Il en existe des dizaines à Font-Renard, à Castelpanis, à Labastide, à Larroque. Pour ne parler que du Tarn.

Mais à quoi avons-nous affaire exactement ? Pourquoi ce village ? Pourquoi ici, à l’aplomb ? Un village de mineurs comme le soutenait André Soutou, plutôt un village d’agriculteurs comme en témoigne le matériel découvert. Les deux peut être. La question reste entière.

Un certitude, nous parlons d’une époque très ancienne : le Haut Moyen Âge. Les archives évoquent une seigneurie du XIIe au XVIe siècle. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y avait rien avant.

Rigole ou saignée pour faciliter les écoulements dans la pente. On trouve aussi des feuillures de porte, des emboîtures.
Trou de poteau

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