La Salvetat-Peyralès, « La Boutique » et la chapelle de Murat, châteaux de Roumégous et Castelpanis

À « La Boutique »

Ce jour-là nous répondions à l’invitation de Jean-Marc Berlou afin de nous rendre au lieu-dit « La Boutique »(1), un hameau perché en limite de plateau sur la rive droite du Viaur en face de Jouqueviel.
Le propriétaire, Mr Rigaud s’interrogeait sur la présence d’une série d’empreintes dans le rocher que Jean-Marc et Michel ont identifié comme des cases-encoches il y a déjà quelques mois lors d’une première visite.
Jusque-là, ces indices n’avaient fait l’objet d’aucune mention.
14h 40. Nous arrivons en voiture sur les lieux sans trop de difficulté. À 381 mètres d’altitude, c’est un poste avancé qui domine un affluent du Viaur, le Jaoul. Le château de Roumégous plus au nord est bien visible depuis le site. L’endroit ne manque pas de charme en cette saison, vraiment.

Les bâtiments actuels sont assis à même la roche ou sur un lit de gros blocs de quartz blanc.
Le chemin cadastré qui descend sur le Jaoul sert de cour à la ferme. Actuellement, le logis est à l’ouest, l’étable-remise à l’est. Juste derrière, on remarque une paroi rocheuse et des aménagements anciens type « case-encoches », 5 mètres de large pour 3 de profondeur(2).
L’affleurement ceinture une petite éminence rocheuse où nous n’avons pas décelé de traces évidentes de castelas. Pas de tranchées notamment ou alors comblées.
Comme souvent, des terrasses à l’abandon ont profondément modifié la forme du site primitif.
Portons un regard sur les parois aménagées dans le substrat rocheux : au-delà des traces d’attaque au pic, il y a une profusion de perforations de taille et de nature forts différentes. Elles sont, le plus souvent, les empreintes de structures périssables aujourd’hui disparues.

Un modèle du genre case-encoche

Un petit débroussaillage permet de distinguer sur la paroi exposée nord-est /sud-est une échancrure horizontale (dispositif de drainage), une banquette, une série d’opes (2) non alignés, un trou de poteau, une niche, un bassin dont la destination interroge. Enfin, quelques marches très érodées d’un passage pour accéder à un second niveau. Par ailleurs, aucun doute n’est permis, une porte a existé puisque que la roche montre une « virgule » permettant de glisser un rondin de fermeture, une empreinte de chambranle et un à-plat pour déposer le linteau.

Le sol livre en surface de petites lauzes de couverture (percées) caractéristiques des cases-encoches.

Le second niveau exposé à l’ouest (côté Viaur) présente encore une grande saignée taillée dans la roche.

Une seule maçonnerie est visible en haut de la paroi de la case. C’est un mur en pierre de schiste montées à sec d’un mètre de haut. Il est probablement récent.

Conclusion: une paroi arrière verticale, un sol horizontal, des parois latérales verticales de hauteur dégressive, nous confirmons la nature des traces. Ce sont bel et bien des cases-encoches. Un habitat sur deux niveaux autour du passage marqué par des marches d’escalier. En l’état des connaissances, c’est le scénario le plus probable.

Le site révèle à peu près tout le registre classique des habitats à demi excavés. Il est à l’image de ceux de Castelpanis, Ambialet ou Fontrenard.

En bas, il serait intéressant de sonder la profondeur des dépôts pour atteindre la plate-forme constituée du substrat. Y a-t-il des couches archéologiques ? Ce n’est pas impossible. 

La chapelle de Murat

Nous nous rendons ensuite à la chapelle de Murat entièrement reconstruite à plusieurs reprises, notamment au XVIIIe siècle. Mention est faite de son existence au début du XIe siècle. 

Elle présente à différents endroits des croix occitanes trilobées assez exceptionnelles pour être mentionnées.

Notes

(1) »La Boutique » vient peut être de botiga, la cave.
(2)C’est la parcelle 142. Assez intéressante de part sa forme.
(3)Trou de mortaise

Bibliographie sommaire

Parmi les ouvrages traitants des cases-encoches et des habitats excavés, deux conseils. Le premier, réservé au grand public, est une contribution du CAPA. Mottes et castelas du ségala tarnais, Les guides archéologiques du Tarn, 2003, 4 euros

Le second concerne un public plus ciblé mais rapporte des cas intéressants à l’image de nos découvertes du jour. C’est une oeuvre collective suite à un colloque à Saint-Martin-le-Vieil(Aude).
Monique Bourin, Marie-Elise Gardel et Florence Guillot, Vivre sous terre, Sites rupestres et habitats troglodytiques dans l’Europe du sud, Presse Universitaire de Rennes, 2014, 39 euros

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