Roussayrolles : igue du Cuzouls, sépultures à Peyralades, le dolmen de Vaour, de Peyrosco (Fourcou) et les moulins de la vallée de Laussière
Impossible de relever le moindre résidu d‘artisanat verrier dans le haut de la vallée de Bonnan (1). Aussi, nous nous sommes dirigés vers Roussayrolles. Petite par sa taille, la commune n’en est pas moins riche de patrimoine archéologique. Sur le causse de Rousseyrolles, les phénomènes karstiques sont nombreux et la présence des hommes, dès le Néolithique, avérée depuis longtemps. En témoigne les dolmens de Vaour mais aussi celui de Peyroseco (ou Fourcou) que notre ami Henri contribua à mettre en valeur et à fouiller.
Un aperçu du Cuzoul de Rousseyrolles
Nous nous rendons ensemble à l’igue de Roussayroles dit le « cuzoul » (2). Il s’agit d’une doline au stade fossile, sèche. Effondrée, elle s’ouvre largement sur l’extérieur dans sa partie haute. C’est l’entrée. Elle s’enfonce ensuite par paliers successifs. Elle n’est pas – apparemment – reliée à un plus vaste réseau (3).
Tout le haut du trou est couvert d’un cône d’éboulis, d’effondrement. Par endroits, se sont accumulés des sédiments. Ces sédiments ont été « grattés » à la recherche de « trésors » à des époques indéterminées si bien qu‘il est difficile de trouver un replat vierge. Par ailleurs, quelques chauves-souris ont élu domicile dans les lieux.
Non équipés pour la spéléologie, nous ne sommes pas allés jusqu’au bout des 75 m qui forment l’orifice. Il se termine par un puits argileux, si l’on en croit les indications des spéléologues.
Au sol, nous trouvâmes quelques fragments d’amphores dont nous rendons compte avec la photo ci-dessous. L‘aven a-t-il servi pour puiser et stocker de l’eau à différente époque? Il n’est pas interdit de le penser.
En tout cas, nous ne vîmes pas de mobilier de type chasséen évoqué par Henri lors de nos discussion (4). Nos recherches pour localiser les traces relatées par Jarlan en 1963 ont été vaines.
Si l’opportunité se présente, nous visiterons plus à fond cet aven avec le matériel approprié bien sûr.
Peyralade: des sarcophages en héritage
Le temps manquant, nous n’avons pas visité le dolmen de Peyrosco (5). Nous nous dirigâmes au sud de Roussayrolles, au hameau de Peyralades exactement, où la présence de sarcophages a été relatée par nos sources (6).
Le hameau de Peyrelade est un lieu remarquable en ce qu’il constitue un site d’extraction des grès du Trias. Ils affleurent. À regarder le bâti des maisons, il est aisé d’en déduire la présence de cette activité dans les environs par contraste avec Roussayrolles entièrement bâti en calcaire. Les archives aussi témoignent de cet artisantat.
Moins connus sont les sarcophages que l’on trouve ici et là (7). Le plus émouvant est une cuve en grès mesurant 1,45 m de long. Une tombe pour enfant. Il sert de bac à fleurs dans une propriété privée. Nous l’avons mesuré et dessiné. Le propriétaire fort sympathique ignore l’origine exacte de l’objet. Il est de type monolithe, de plan trapézoïdal sans loge céphalique. Aucune inscription n’est visible nulle part. À quelques mètres, nous pensons avoir trouvé son couvercle mais sans certitude. C’est une longue dalle, calcaire cette fois, complètement plate. Sa forme, le matériaux (calcaire) oblige à la prudence (8).
Ce sarcophage appartient-il à un quelconque cimetière ? Est-il l’œuvre d’une commande faite aux carriers à une époque très ancienne? Ces sarcophages prouvent au moins que l’exploitation de la carrière remonte à l’époque du Haut Moyen Âge. Le grès utilisé est local.
Les Brouscassous
Les Brouscassous(9), au nord du village, sur une hauteur, c’est là que nous observons une fosse profonde de 35 cm creusée dans le grès. Elle accueille l’eau des pluies. Elle est sans loge céphalique sur un point haut mais en rupture de pente. Jean Lautier y vit une tombe rupestre. Là encore, la prudence est de mise vue sa grande taille. Nous sommes partagés quant à la destination de ce creusement. La tombe – si tombe existe – serait orientée en tout cas. Nous n’en relevons pas d‘autres à proximité.
Là-haut, tout autour de nous, les carriers semblent avoir oeuvrés jusqu’au siècle dernier. La forêt de chênes révèle maints creux, bosses caractéristiques, riches de promesses archéologiques.
Une fois l‘entité dessinée, le lieu observé et photographié, nous nous quittons après les salutations d’usage.
Un grand merci à Bernadette Hernandez pour les photos.
Notes
(1)Ce n’est pas faute au moins d’avoir cherché. Dernière chance: les archives du SRA à Toulouse et celle du musée d’Albi où serait entreposé du mobilier. Sans certitude.
(2)Ce mot renvoie à la grotte en occitan.
(3)Jérome Gonzalez de l’OURS en 1993
(4)Est-il plus profond dans la grotte? Ce type de site accueille généralement du mobilier néolithique et protohistorique. Le chasséen dans la région est courant dans les grottes.
(5)Ce n‘est que partie remise.
(6)Jean Lautier(archives) et Bernard Alet.
(7) A proximité du lavoir par exemple, dans la clôture.
(8)D’habitude la forme des couvercles est assez différente de cette espèce de « plaque ». Ils sont plus épais, parfois bombés, parfois à bâtière.
(9)Les bruyères, la broussaille en occitan.