Vallée de l’Agros, limite entre les communes de Graulhet et de Labessière-Candeil : Sites de Saint-Mémi-Vieux, de La Frégère et de l’église de Saint-Mémi de Gayrac

Nous avons répondu à l’invitation de Cédric Malet, agriculteur à La Frégère et propriétaire des lieux mais c’est avec Michel Coste que nous nous sommes rendus sur le terrain autour du hameau actuel de LaFrégère. Il a commenté l’implantation des bâtiments disparus et nous a fait visiter l’église. Qu’il soit remercié pour ses éclairages précieux.

Saint-Mémi-Vieux

Nous nous rendons pour commencer sur le site dit de “Saint-Mémy-Vieux ». La tradition raconte que le haut du mamelon était occupé par un bâtiment religieux, type église. En ce lieu même, en 1950, on trouva des tombes en pleine terre. À l’époque, les versants étaient encore couverts de vignes. Il y avait une garenne. Cédric Malet, et son père avant lui, y extrayaient régulièrement des tuiles et de la céramique médiévale en morceaux. Il y a tout lieu de penser qu’il existait donc un bâtiment à cet endroit précis. 

In situ, une brève prospection – non facilitée il est vrai par la faible profondeur du labourage – nous a permis de trouver sur les versants quelques spécimens de céramiques médiévale et moderne. Pour les plus anciens, des morceaux épais à dominante grise, type anses de pégaux funéraires. Par ailleurs, nous notons la présence d’un morceau de anse d’amphore et des micro-fragments de sigillée très fine en quantité non négligeable. Notre ramassage montre que le site était occupé bien avant la période médiévale. Il est facile de s’en convaincre.

Enfin, des ébauches d’outils préhistorique sur galets de quartz (étrangers au contexte géologique) ont été relevés ainsi qu’un nucléus en silex avec plan de frappe et surface débitée. Jacques nous informe qu’après guerre, le site a été reconnu par Jean Lautier et Jean Bordenave. Jacques était présent lors de cette reconnaissance de terrain.

Les archives de Lautier sur Graulhet donneraient-elles plus de renseignements ? Peut-être. Les grès affleurent sur le haut. Les couches archéologiques ont du glisser sur les côtés. Il est peu probable qu’il demeure encore des substructures à l’état solide .

En tout cas, un regard attentif sur les photos aériennes depuis les années cinquante n’a rien permis de déceler si ce n’est la grande variété, avec le temps, des types de cultures. Des chemins importants passaient aux alentours comme celui de Sieurac au sud-est. Étrangement, ce site n’est pas mentionné sur la CAG.

Cédric Malet, qui nous a rejoint, se propose de nous montrer un autre site à proximité.

La Frégère

Sur la route menant à l’église, nous nous garons dans un champs qui borde une falaise. Affleure les calcaires sannoisiens certainement exploités pour la chaux, le ciment ou pour les blocs à une époque indéterminée. Des traces d’extraction sont visibles.

Un fossé en bordure de falaise. Des déblais possibles sont repérables recouverts de friches en bord de route.

Nous sommes alors conduits à un puits creusé ou recreusé il y a une vingtaine d’années. À l’aide de l’éclairage d’une lampe, ce puits conduit à un vaste bassin aquifère souterrain taillé avec un degré. Est-il le fruit d’une résurgence ? En tout cas, il y a eu anciennement des creusements, des aménagements. D’ailleurs, le bassin a entraîné, à une époque indéterminée, l’installation de conduites en direction du sud. Ces conduites ne nous ont pas été décrites avec assez de précision. Elles étaient « en pierre ». Actuellement, une épaisse dalle de grès couvre « quelque chose » en haut du fossé de la route. Il est difficile de soulever cette dalle.

Ce site a été visité par Jean Lautier et le jeune Jacques Mathieu.

Plus à l’ouest, un chemin grimpe sur le plateau. Aux dires de la mère de Cédric Malet, actuellement domiciliée à Agen, des enfants auraient trouvé sur les côtés dans la pente, de la céramique dans des « niches » creusés. Juste au-dessus, Michel Coste évoque la présence de tombes (un cimetière ?) en pleine terre sans objet. Nous dominons l’église. Pour lui, c’est un cimetière médiéval. Etant donné l’état de la végétation, nous n’avons absolument rien trouvé susceptible de confirmer les propos de nos accompagnateurs. Nous ne désespérons pas cependant.

L’église de Saint-Mémi de Gayrac

Pour Michel Coste, le bâtiment actuel n’est pas très ancien (XVIe/ XVIIsiècles). Dans le vallon, il aurait remplacé une première église installée plus haut à « Saint-Mémi-Vieux ». Le déterminant « Gayrac » serait la conséquence d’un bâtiment antérieure – gallo-romain – sur lequel repose désormais l’église. Gayrac viendrait d’Agariacum, la propriété d’Agarius. Il a constaté des traces construites lors d’aménagement sur le côté nord de l’église. Il a, aussi, prélevé sur les lieux du mobilier gallo-romain. Nous avons pu le voir, il y a quelques années1.

Au XVesiècle, Saint-Mémi de Gayrac accueille un prieuré, celui de Sainte-Catherine. De mœurs assez légères selon certains, les religieuses en furent chassées par Louis d’Amboise qui transféra l’administration de la paroisse au chapitre de la cathédrale d’Albi.

Àl’édifice ancien, on a ajouté un clocher-mur à arcades dans la première partie du XIXsiècle. À la même période, deux chapelles ont été ajoutées à la nef. À l’extérieur, nous constatons de visu des marques bien caractéristiques de tâcheron sur les blocs de grès. Nous notons l’existence d’un larmier au sud, de contreforts bâtis lors du réaménagement de la nef. Des baies percées avec vitraux. Il y a – et c’est surprenant – peu de réemplois visibles.

Michel Coste a l’amabilité de nous ouvrir et de nous faire visiter l’intérieur de l’église. Des précisions nous sont apportées quant à saint Mammès. C’est le saint patron de l’église, martyr de Cappadoce du IVe siècle, il est à l’origine d’une ville en Seine-et-Marne. La cathédrale de Langres lui est dédiée. Saint Mammès, c’est « celui qui a été allaité ».

Nous sont présentés tour à tour un tableau-retable de la fin XVIIe et un christ du XVIIIsiècle. Un chapiteau roman a été récupéré dans l’église2. Il daterait du XIIe siècle. Resté longtemps sous les assauts du climat3dans le cimetière au sud du bâtiment, il fut mis en dépôt à Graulhet par Monsieur Henry Manavit. Il a intégré l’église, voilà une vingtaine d’années, à la suite d’une demande de Michel Coste. D’où provient ce chapiteau « à l’origine » ? On ne sait trop. Peut-être de l’abbaye de Candeil. Il est inscrit  depuis 1992 à l’inventaire des monuments historiques.

Notes

1 – Les parcelles à l’ouest de la route sont riches en matériel gallo-romains de toutes sortes. Ceci lui fait dire qu’il y avait une villa. L’inventaire de ce qu’il possède gagnerait a être fait.

2 – Il y en avait même deux à l’origine.

3 – Le grès est très patiné comme glissant, lustré.

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