Sites visités : Flamarenq, Fraissines (commune)
Ce jour-là nous nous déplacons pour une découverte fortuite. Récemment, sur le territoire de Fraissines a été mis au jour une statue dont il est difficile de connaître exactement les origines.
Arrivés sous une pluie battante à la mairie à Fontvieille, Gilbert Assié (1) nous présente l’objet en question (2) et nous le photographions sous toutes les coutures. Sans grande réussite d’ailleurs.
Le volume du bloc 45X30 cm présente une face très plate indéniablement travaillée pour mettre en valeur ce qu’il est convenu d’appelé un visage avec le nez et le coin des sourcils très finement gravés dans le grès. Certaines traces peuvent laisser penser à l’existence d’un œil sur le côté. Cela reste à confirmer. Incontestablement, un cou est mis en forme.
La pièce a été découverte lors de travaux d’aménagement (fossé d’eaux pluviales) par Michel Leron, au bord de sa propriété à Flamarenq au nord de la commune. Nous nous y rendons. C’est donc le découvreur qui nous reçoit.
Sur les lieux de la découverte
La statue a été extraite du sol suite à des travaux. Elle était localisée juste au bord d’un chemin de versant qui descend sur la rive droite du Tarn (3). Nous sommes à l’extrême rebord du plateau qui domine le Tarn, au sud, et le vallon du Bénès, à l’est. C’est un point remarquable où des croix ont été installées, désinstallées dans le temps (4). La statue se trouvait à l’exact endroit où le chemin incurve à l’ouest et amorce la descente.
Elle était à peine à une dizaine de centimètres sous terre. Impossible pour Michel Lebon de se souvenir sa position exacte (couchée ? droite ? face contre terre ?) lors de la mise au jour.
Il apparait clairement, suite au propos de nos hôtes, que le versant a été mis en culture au XIXe siècle, peut-être bien avant. Il reste, d’ailleurs, des traces de terrasses et de bassins. Le chemin, à large emprise, a nécessité de gros aménagements dans la pente. Il est entaillé. La voie est bordée par des murs de soutenement dans un état plus ou moins dégradé.
En l’absence de contexte archéologique, bien difficile de s’aventurer à donner une période de réalisation, ni même une fonction à ce bloc sculpté. L’enquête devra être plus poussée.
D’autres découvertes nous sont présentées par le propriétaire. Découvertes trouvées sur les lieux dont un profil de hache poli, fort abîmé, où le matériau s’apparenterait à la métabasite.
Le propriétaire évoque aussi la découverte de scories sur le chemin. Ce qui est guère étonnant dans le contexte minier de la région. Ces scories ne garantissent nullement l’existence d’une mine à proximité directe. Elles sont utilisées, mélangés à d’autres matériaux, pour niveler ou remblayer les chemins.
Visite de Fraissines
Gilbert Assié nous présente ensuite son village remarquable à maints égards par son architecture typique. Vues de l’extérieur, les bâtiments sont conditionnés par les ressources locales disponibles (dalles de schiste, quartz en bloc et grès pour la pierre de taille le plus souvent). Un souci religieux commande parfois, comme il est visible ci-dessous.
Par la suite nous est présentée, l’église qui compte deux croix. La première, historiée et monumentale, remonte au XVIe siècle (5). Elle figure à l’inventaire depuis 1953.
Remarquablement protégée par un auvent en bois, elle présente la Crucifixion
En figure centrale, le Christ en croix(6). À sa droite, sans attribut particulier, la Vierge revêtue d’un manteau à gros plis. À sa gauche, saint Jean, les mains jointes, costume similaire. Un motif de palmes, en bas relief, est sculpté au-dessous sur le fût. L‘autre face présente une Madone (Vierge à l’Enfant). En dessous, un ange et un personnage indéterminé. Un berger, peut-être. Le tout est sculpté dans un grès fin.
Il n’y a pas le soubassement d’origine sous le fût. Pas de traces de couleur détectables à l’oeil nu.
La deuxième specimen, beaucoup plus sobre, toujours en grès, domine le cimetière de l’ancienne église. Il est plus archaïque. Il figure le Christ en croix ; une croix latine avec, aux extrémités, des branches en tau. On observe le visage poupin (7) de Jésus, tête relevée, corps bien droit, yeux ouverts. Elle a été déplacée récemment. Bien difficile de lui donner un contexte de réalisation. Peut-être XIV/XVe siècles pour une fourchette large. Le monument n’est pas inscrit.
Dans l’église Saint-Jacques de Fraissines
L’intérieur de l’actuel église a profité des dons d’un riche antiquaire du village, il y a maintenant une centaine d’années. Il s’appelait Justin Lecoules. Sa réussite exceptionnelle à Paris, ses ambitions politiques firent de cet enfant du pays un donateur et un bienfaiteur en terme de patrimoine. Deux toiles et une sculpture sont dignes d’un grand intérêt apprend-t-on.
Une représentation de la Vierge en rouge, type Adoration des bergers attribuée à des proches de Rubens, voir au maître néerlandais lui-même. Elle remonte à la première partie du XVIIe siècle.
Une Descente de Croix, attribuée à des adeptes ou des élèves contemporains de Charles Lebrun.
Une représentation de la Vierge en rouge, type Adoration des bergers, attribuée à des proches de Rubens, voir au maître lui-même.
Ces deux toiles font l’objet d’expertises avant restauration nous explique Gilbert Assié
Une œuvre, plus récente, de Jean-Baptiste Carpaux, cette fois, une tête de Christ nous est montrée.
Une toile, du début du XVIe siècle, attribuée à des proches de Raphaël a été volée dans l’église même, il y a quelques temps. Elle rappelait la Madone de Bridgewater peinte par le maître et actuellement au musée d’Edimbourg.
Nous remercions, bien sûr, chaleureusement Gilbert Assié pour sa gentillesse et ses commentaires. Michel Leron aussi. Sauf exception, les photos sont de Franck.
Notes
(1) – Maire de la commune
(2) – Il est actuellement dans la mairie à l’abri.
(3) – Le chemin communal qui mène de Flamarenc vers La Valette.
(4) – Il n’est d’ailleurs pas impossible que le statue ait pu constituer un socle sous une forme ou une autre à un moment donné de l’histoire. Une croix était là aux dires d‘Hubert Mas d’Albi et Christian Sol de Cadix. Elle aurait été déplacée en 1956/1957 (source: Michel Lebon)
(5) – Elle dite « croix du tombeau des curé ». C‘est une croix de cimetière fort vraissemblablement.
(6) – Entre autres, le fait qu’il est la tête penchée est assez caractéristique de cette période(remarque de Marc Durand)
(7) – Qui n’est pas sans rappeler l‘ambiance romane dans la région.