Secteur : Tarn
Météo : lumineuse
Site visité : Ferme et aven de Lautanel, puis la grotte de Bussières
Voiture : Christophe et Bernard
De triste mémoire: le mas de Lautanel
Le lieu isolé sur le causse de la Garrigue prend la forme d’un mas ouvert ⁽¹⁾. Là, s’étalent les ruines d’une dizaine de bâtiments. Sans entretien, ils s’acheminent vers une disparition progressive. Bergerie, pigeonnier, porcherie, écurie côtoient le logis. Pour peu qu’on y prête attention, le mas a connu des développements au cours du XIXe et du début du XXe siècles avant d’être abandonné pour des raisons inconnues. En témoigne le cadastre napoléonien.
Les murs, en moellons calcaire plats tirés des carrières ou de l’épierrement des champs alentours, donnent une belle unité à l’ensemble.
Faire avec les moyens du bord ⁽²⁾ : une bergerie
Décroché du toit. Il n’est pas interdit de penser que le toit fut recouvert de lauzes à l’origine |
On observera le mur du parement extérieur sans assise constitué de lauzes ébauchées posées sur tranche. |
Partie ajoutée adossée à la bergerie primitive. Toit en tuiles « canal ». Absence de porte, côté sud. Est-ce à l’origine un cellier ? Un hangar ? |
Bien sûr, de très nombreuses observations restent à faire sur cette bergerie du XIXe siècle.
Un modeste logis d’habitation aujourd’hui effondré
Vue du pignon avec porte basse et chainage d’angle. |
Parement en pierre sèche de la porcherie à l’arrière de l’édifice tout aussi fruste que la bergerie. |
Légèrement à l’écart, on distingue un pigeonnier-tour cylindrique. Il était déjà là en1839. Ce n’est pas impossible qu’il ait subi un tir d’artillerie vu son état: la partie SW est effondrée. Des tuiles « canal » jonchent le sol. Des traces d’enduit sont visibles.
Ce qu’il reste encore du pigeonnier, sa portion nord. On remarque le larmier, la corniche ceinturant le haut du bâtiment. |
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Des traces d’enduit à l’intérieur de la volière. Des étages. La charpente s’est effondrée. Ne subsistera de l’édifice bientôt plus grand chose. |
Les bâtiments principaux d’habitation
Des traces d’incendie sont visibles.
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Cléopâtre 1948. Paul 1965. Le mur aux graffiti. |
Détail de la façade du bâtiment principal avec une vraie fenêtre sur la droite. Piedroits en brique. |
Bassin pour le lavage sur la gauche en entrant dans un angle. |
Un état de dégradation très avancé. Il n’est pas interdit de penser que cette brèche soit le fruit d’un obus de mortier d’ailleurs. |
Traces d’incendie sur une poutre porteuse. Plancher et solives se sont effondrées. |
Vue de la citerne |
La guerre
A l’ouest des bâtiment, il existe ce que le cadastre napoléonien a dénommé « fontaine ».
En fait, un aven. On y pénètre assez difficilement(3) par une diaclase qui fut aménagée en escalier. Rien à l’extérieur ne marque la présence des lieux.
L’escalier constitué de dalles en cours d’effondrement pour pénétrer dans la fontaine. |
Le CAPA dans l’aven. |
A l’intérieur, un gour a été aménagé pour constituer une réserve d’eau. Il était à sec le jour de notre passage.
Bassin de la fontaine avec « ban » retaillé dans la roche calcique. |
Il est raconté que « la fontaine » servait de cache d’armes et qu’on y rangea des « papiers ». Elle servit probablement de refuge et de cachette durant la dernière guerre.
La grotte de Bussières: un observatoire sur la vallée de l’Aveyron
Nous nous rendons ensuite au-dessus du hameau de Couyrac.
Dix bonnes minutes, c’est le temps qu’il nous a fallu pour grimper jusqu’à la grotte à partir de la route. Après une pente raide dans un maquis de buis dévasté par la pyrale, on trace son chemin comme on peut au pied de la paroi. Un porche finit par apparaitre au moment où la piste s’achève, une centaine de mètres au dessus de la rivière, derrière un éperon.
Cette grotte aurait servi de cachette pour les juifs durant la guerre ou avant. L’information reste à vérifier bien sûr.
Elle consiste en une galerie rectiligne avec une voûte en hanse de panier. Elle s’enfonce de 50 mètres et termine par une diaclase qui dévoile deux branches. L’une est envahie par un comblement d’argile, l’autre, au sud, s’arrête net.
Une fouille a eu lieu à l’entrée(4) et la petite terrasse témoigne aussi de la présence de matériel lithique ramené. Son relatif éloignement de la rivière semble la desservir mais il y a fort à parier qu’elle fut fréquentée à des époques variées.
Quelques traits sur les parois interrogent tout comme des formations calciques en boules lustrées. Jusqu’à quel point l’une d’elles n’a pas été remodelé pour donner l’impression d’une forme.
Combien de visages ou d’animaux ont habillé ces roches ? Et de quelle façon? Par qui? Quand ? Combien de masques presque aussitôt effacés.
Formation calcaire investie par l’imagination des hommes. Difficile aujourd’hui d’y voir quelque chose tant le relief semble avoir été travaillé. |
Griffures discrète sur la paroi |
Beau panorama de la terrasse devant la grotte de Bussières |
Notes
(1) – Sans réelle cour.
(2) – On se réfère au vocabulaire de Christian Lassure et Dominique Repérant, Cabanes en pierre sèche de France, Édisud, 2004. Manuel indispensable pour qui veut comprendre les architectures en pierre séche modernes et contemporaines.
(3)- Difficile d’y introduire des bêtes.
(4)- Peut être celle de Bessac.