Saint-Marcel-Campes (secteur Saint-Marcel surtout) : Sites à sépultures du “Puech Blanc” et mégalithe dressé de “La Ferrière” à Salles-sur-Cérou

Le passé industriel révolu … des campagnes : “Lo cauforn” (le four à chaux) 

Après un rendez-vous aux abords l’église Saint-Michel de Saint-Marcel, nous nous sommes rendus au “Puech Blanc”, une butte calcaire du Stampien en position dominante au nord de la commune.

Une rapide visite des lieux nous permet de constater la survivance d’anciennes carrières à ciel ouvert d’extraction de calcaire à chaux. La partie supérieure de la butte, inculte, en friche, est entièrement minée de trous ouverts par les chaufourniers et ce sur un hectare à peu près. Actuellement, c’est le territoire d’une friche épaisse difficilement pénétrable. Le sol est bosselé.

Plus spectaculaire, de ce passé – pas si ancien (1) – témoigne un four à chaux dans un état de conservation vraiment remarquable (2). Il s’intègre parfaitement au relief de la butte. C’est un ouvrage vertical maçonné dont nous n’avons pas pris les mesures. Il est ouvert sur le haut par une bouche circulaire de trois mètres de diamètre appelée « gueulard ». Certaines de ces cuves pouvaient contenir jusqu’à 80 tonnes de pierres. L’accès au gueulard se faisait par le haut. Le haut où sont les micro-carrières justement. À l’intérieur, on enfournait par couches successives tantôt un lit de blocs calcaires pour deux tiers, tantôt un lit de fagots pour un tiers. Maintenant, le gueulard est vide et constitue, à présent, un large « puits » de plusieurs mètres de profondeur. En ça, il présente un danger non négligeable en pleine nature. L’enduit, la robe, qui devait couvrir les moellons a disparu. Il n’y a pas trace, nulle part, de vitrification. Ce qui nous étonne.

La mise à feu se faisait par le bas. C’était « l’ébraisoir ». Il servait aussi à récupérer la chaux vive. À sa sortie du four, elle était éteinte et refroidie dans une fosse en eau dont nous n’avons pas repéré la trace. Nous exagérons à peine en disant qu’il suffirait de pas grand chose pour remettre ce four en activité (3).

Mais notre venue sur les lieux était motivée par une toute autre recherche. L’existence d’un cimetière dont nous n’avons pu retrouvé la trace ce jour-là. Une deuxième visite en groupe  restreint (4) s’avéra à peine plus payante.

Comme souvent à l’origine : une légende

L’endroit nourrit une légende tenace. Celle d’un ancien cimetière (avéré) et celle, plus hypothétique, d’une église. Elle aurait été détruite lors des passages de Simon de Montfort au début du XIIIe siècle. Reconstruite, elle aurait, par la suite, connu la disgrâce au profit d’un lieu plus bas sur le versant. Car quoi qu’on fasse la statue du saint refusait obstinément de rester là-haut, au “Puech Blanc”. Le soir venu, elle fuguait dans un petit bois. Les autorités religieuses prirent en considération la volonté divine. Et ce fut la naissance de l’église de Saint-Martial-sur-Cérat.

La légende rapportée par l’abbé Viguier de Laparrouquial, par Elie Rossignol aussi, ne tient pas la route au niveau chronologique puisque le bâtiment de Saint-Martial est bien antérieure au XIIIesiècle, période de l’épopée cathare. Elle mérite cependant d’être conservée pour ce qu’elle révèle des croyances dans les campagnes à l’époque du XIXesiècle. Un tel scénario est fréquent (5). Par ailleurs, il n’est pas du tout exclu qu’une église ou une chapelle ait bel et bien existée. Le “Puech Blanc” était encore au XIXe siècle la destination de processions. On y installa aussi une croix de mission dont la trace existe toujours.

Au moins, le cimetière de “Puech Blanc” est un fait avéré. Il se déploie dans cette lande dénudée qui pointe vers l’ouest un peu en contre-bas par rapport à la hauteur. L’espace ainsi défini est clôturé par un mur de pierres dans un état de dégradation avancé.

Au printemps 1967, François Meunier, à l’époque au CRA de Cordesobtint une autorisation suite aux sollicitations d’un agriculteur du Fresqual (6).Voici, à grands traits ce qu’il en ressortit.

Seule une portion de l’espace a été fouillée (7) à « l’instinct » pourrait-on écrire. Quand pointait une tranche de grés, les archéologues devaient s’empresser de gratter. En conséquence, connaître l’étendue du cimetière est bien difficile à l’heure actuelle. Les observations satellitales à l’aide de Géoportail ou Google Earth n’ont rien donné.

Vingt centimètres sous les terres

Quatre tombes à lauzes en grès furent mises au jour à 20 cm de profondeur sur le haut du relief (8). Parallèles, les unes aux autres, elles étaient le plus souvent dallées sur le fond mais sans pierre de couverture. Des sortes de caisson ouverts. Il apparut à maintes reprises que les labours avaient ravagé les lieux, et cela depuis longtemps. À la merci des socs de charrue, les couvercles ont du être brisés et jetés quelque part. Il en restait quelques-uns.

Cependant, deux sépultures individuelles (1,70 X 0,50 m) de facture modeste contenaient encore des squelettes ou des restes de squelettes.

Autant la première sépulture a servi très manifestement de réceptacle aux os qui devaient traîner sur le haut en surface (9),autant la deuxième était quasi intacte. À l’intérieur, le squelette découvert protégé par une lauze en bâtière est décrit par François Meunier comme de « sexe féminin », orienté nord-ouest/sud-est avec tête au nord-ouest, les bras croisés sur la poitrine. Aucun élément matériel – aussi modeste soit-il – n’a été relevé à l’époque.

Menhir ou pas menhir ?

Nous finissons par un coup d’œil sur le mégalithe nouvellement dressé par les propriétaires de “La Ferrière” dont nous avons déjà rendu compte il n’y a pas si longtemps. C’est sur la commune de Salles-sur-Cérou.

Faute de temps et de lumière, la visite des sitesaux abords de Campes a tourné court.

Notes

(1) – L’exploitation locale de la chaux dépasse rarement le XIXe siècle. C’est l’époque du maximum de peuplement dans les campagnes d’Europe, l’époque du « chaulage » pour améliorer la productivité des cultures sur des sols pauvres. Après 1914, la chaux sert aussi pour fabriquer la bouillie bordelaise pour les vignes et les fruitiers.
(2) – Un tel état de conservation n’est pas si fréquent dans le Tarn. Il mériterait au moins un fléchage et un panneau explicatif.
(3) – Il nous est précisé par Werner que Maurice Diéval tiendra une conférence sur le sujet des fours à chaux à Cordes bientôt. Werner, habitant de Bournazel possède sur sa propriété des fours à chaux.
(4) – Marc Durand et Christophe Mendygral quelques jours plus tard.
(5) – Je suis un fidèle lecteur de Jean-Loïc Le Quellec qui prend très bien en considération ce qu’on aurait tort de classer dans des élucubrations. Elles ont une logique propre qu’il convient d’étudier.
(6) – Il paraîtrait que les membres du Spélo Club de Villefranche-de-Rouergue vinrent aussi mener des investigations dont nous n’avons pas trouvé la trace pour l’instant. Ils les firent d’ailleurs au même moment que le CRA de Cordes. Information Louis Falgayrac, d’après un certain Löris Köll.
(7) – Sur 800 m2
(8) – Plus profondémement à 40 cm sur le bas de la parcelle. Comme souvent aucune stratigraphie n’a été dressée.
(9) – Parmi eux des crânes rangés « respectueusement ». Une mise en scène. Ils devaient probablement appartenir à d’autres sépultures.

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